Chloé Escarmant
- Gardien de la Paix
- Mémoire pour le diplôme universitaire de victimologie de l’Université de Paris sous la direction de Mme Roseline Pagny-Leclerc, Commissaire divisionnaire honoraire
Introduction
Le traumatisme complexe est un concept qui a commencé à apparaître dans les années 1990. Bien que ce diagnostic soit absent des nomenclatures internationales et continue à faire débat, des experts, de plus en plus nombreux, en défendent la pertinence. Il est parfois aussi appelé Developmental trauma disorder ou trouble traumatique du développement.
On parle d’état de stress post-traumatique (TSPT) quand les atteintes sont dues à un événement unique (incontrôlable, extrêmement négatif, imprévisible, soudain). A contrario, on parle de traumatisme complexe lorsque le trauma est lié à des événements répétés, des situations traumatisantes qui durent plusieurs semaines ou plusieurs années. Plus les événements sont vécus d’une manière répétée et durable plus ils sont susceptibles de générer des traumatismes complexes et profonds. L’abord thérapeutique est très différent dans les deux cas de figure.
Le psychotrauma complexe qui nous intéresse dans ce mémoire est celui dont peut être victime le policier[1] au cours et en dehors de ses fonctions (mais toujours en lien avec celles-ci). Y seront donc abordées la notion théorique en elle-même, l’existence d’un « terreau » traumatique au sein de la profession de policier et les soutiens proposés aux effectifs souffrant d’un traumatisme.
En effet, ces derniers sont continuellement exposés, dû à la nature de leur travail, à des incidents qui se caractérisent par de l’imprévisibilité, par des menaces de danger quant à leur intégrité physique ou par le contact avec la mort (par exemple les accidents de la route, les décès de personnes sans abris, les fusillades, les suicides, les homicides). Ils sont également impactés par l’inquiétude que suscite leur profession chez leurs proches ou encore de plus en plus par des attaques ciblées en dehors de leurs heures de service.
Les actes de violence au travail ou en lien avec celui-ci ainsi que les événements traumatiques peuvent entraîner des répercussions considérables au niveau du fonctionnement psychosocial et même engendrer un état de stress post-traumatique (ESPT) tels que ceux sus-définis.
Lorsque l’on pense à une succession de traumatismes, on imagine souvent une situation extraordinairement violente telle une succession d’agressions qui « n’arrivent qu’aux autres » dans l’idée commune, ou encore un contexte familial favorisant un quotidien violent, etc, on range donc cela dans « l’exceptionnel ». Pourtant, certaines situations professionnelles quotidiennes représentent une accumulation de scènes violentes, sans que le suivi psychologique des ces professionnels soit accentué. Ce déni s’explique souvent par la nature de la mission, le professionnel se réfugiant logiquement derrière son statut et se décalant ainsi de la violence dirigée contre sa fonction et non sa personne directement. Mais cette capacité à relativiser et à faire preuve de résilience face aux violences interpersonnelles ou à la confrontation à la mort est-elle infaillible ?
Sociologiquement, le travail apparaît pourtant tout d’abord comme un facteur de protection et non comme un facteur de vulnérabilité. De part ses fonctions d’intégration sociale il ressort souvent comme protecteur du replis sur soi et donc notamment du suicide. Pourtant, pour la première fois dans l’Histoire de la Police, il semble que chacun s’accorde à dire que les personnels des forces de sécurité sont épuisés.
Selon l’origine de l’information le constat diffère quelque peu mais le fait est acté. Ce malaise se traduit en partie au travers des chiffres morbides du taux de suicide : depuis 1993 c’est en 1996 qu’il y en a eu le plus : 71. Viennent ensuite les années 1998 (59), 1995 et 2014 (55). 2019 aura égalé le triste record de 1998 avec 59 décès, et 2020 comptabilise déjà 28 cas entre le 1er janvier et le 26 septembre (le chiffre étant tristement provisoire). C’est en 1994 et en 2010 qu’il y a eu le moins de suicides chez les policiers, au nombre de 30 [1].
Il est dorénavant de notoriété publique de parler du « malaise » des forces de l’ordre, conséquemment aux vagues de suicides que subit ce corps de métiers. Si ce malaise ne se traduit heureusement pas toujours par un passage à l’acte définitif, il peut cependant engendrer de graves dépressions, des changements d’humeur et une désorganisation psychique dangereuse à la fois pour le policier en lui-même et sa santé, mais aussi pour ses collègues et les citoyens qui chaque jour sont susceptibles de mettre leur intégrité physique et psychologique, voire leur vie, entre ses mains.
Afin de mieux comprendre dans quelle mesure le policier est potentiellement sujet au traumatisme complexe et, le cas échéant, comment peut-il être accompagné dans ses soins, mes recherches se sont d’abord naturellement tournées vers la définition de ce psychotrauma particulier. Celui-ci n’étant pas encore référencé au DSM 5, la définition reste floue et les avis divergent selon les professionnels. J’ai donc choisi d’en garder une définition assez vaste et théorique et de le mettre en lien avec d’autres notions plus connues comme le trauma vicariant ou la fatigue de compassion.
Le tabou du « policier victime » étant encore très présent dans les forces de l’ordre, il me paraissait indispensable de me tourner vers ceux qui tentent de délier les langues et qui travaillent quotidiennement au soutien des policiers. Parmi eux, l’association PEP’S SOS, chargée d’ouvrir le débat sur les suicides dans la Police Nationale ainsi que le Service de Soutien Psychologique Opérationnel (SSPO) de l’institution ont accepté de m’accorder un rendez-vous afin de m’orienter sur le sujet.
J’ai alors enfin tenu à orienter tout mon travail vers mes propres collègues, afin d’illustrer mon écrit, de recueillir des témoignages et quelques notions chiffrées sur un panel de ceux directement concernés par le sujet choisi. Pour ce faire, j’ai créé un sondage en ligne d’une petite trentaine de questions, adressé uniquement aux policiers et partagé en ligne sur le réseau social Facebook, sur des groupes privés réservés aux policiers.
Soucieuse de créer un sondage accessible à tous mais surtout de donner la parole à des hommes et des femmes trop souvent oubliés derrière leurs matricules, j’ai choisi d’axer les questions sur la notion de traumatisme chez le policier, la vision de l’accompagnement psychologique dans le métier et les expériences traumatiques vécues par chacun. Dès lors, plus de 2700 policiers de tous grades et tous services confondus ont répondu anonymement au questionnaire, me permettant d’exploiter des chiffres plus que significatifs. C’est ainsi que 80% ont admis pouvoir se remémorer au moins un événement qu’ils considèrent comme traumatisant en lien avec leur profession et que plus de 750 répondants ont accepté de narrer en détail par écrit un traumatisme vécu au travail.
A ma grande surprise plus de 1000 participants étaient déjà recensés en seulement 10 heures de publication du sondage. Cet élan de participation recueilli en une seule semaine à travers un seul réseau social (Facebook) montre à quel point le sujet est profond et la demande est grande.
L’objectif est alors ici pour moi non pas de faire une démonstration de rédaction théorique mais plutôt de démontrer que l’abnégation du policier peut avoir ses limites.
Le traumatisme complexe chez le policier : la théorie confrontée a la pratique
La notion de traumatisme complexe
Le psychotrauma complexe peut se définir comme l’empilement de plusieurs traumatismes répétés [2] ou prolongés qui se télescopent entre eux, parfois dans un contexte d’amnésie traumatique ou d’hypermnésie paradoxale.
Ces traumas successifs aboutissent à des troubles : du comportement, des conduites, de l’humeur ou à des symptômes non spécifiques rendant le tableau clinique cumulatif, tardif et l’expression psychiatrique complexe.
Les symptômes dissociatifs sont notamment à explorer : des éléments que l’on pourrait considérer comme étant de l’ordre du délire peuvent se révéler être l’interprétation d’une personne à qui il n’est pas proposé d’explication à ses troubles (voix, flash, scarifications…). Il s’agit dans ces cas d’une dissociation traumatique. Une dizaine de policiers m’ont par exemple rapporté le fait qu’il leur arrivait souvent d’éteindre le son de la télé en plein milieu de leur programme, étant persuadé d’avoir entendu un cri de détresse ou encore un coup de feu. Chez les personnes m’ayant rapporté ces faits, ce geste se répétait parfois 3 ou 4 fois dans la soirée, créant parfois un sentiment de paranoïa.
Alors que pour le TSPT récent le diagnostic en lien avec l’évènement est posé d’emblée, avec le trauma complexe ce sont des symptômes sans exposition toujours évidente. L’existence d’une ou de plusieurs situations traumatisantes anciennes et de symptômes post-traumatiques « masqués » doivent faire évoquer un traumatisme complexe. Le processus thérapeutique débute dès l’établissement du diagnostic de psychotrauma en proposant à la personne une interprétation cohérente de sa souffrance, explication qui lui est directement accessible ainsi qu’à son entourage.
Le policier : un psychopolytraumatisé en puissance
Les forces de sécurité intérieure sont confrontées depuis des années à une pression opérationnelle inédite, qui a trois causes principales :
- le maintien de la menace terroriste à un niveau élevé, qui justifie une sécurisation accrue des grands événements sportifs ou culturels ainsi que des gardes statiques ;
- une poussée migratoire historique, avec l’entrée de deux millions de personnes dans l’espace Schengen en 2015, et l’interpellation de plus de 80 000 personnes entrées irrégulièrement sur le territoire entre 2017 et 2018
- la radicalisation de la contestation sociale, qui s’est traduite par des manifestations d’ampleur attirant des groupes violents, présents aussi bien à Notre-Dame-des-Landes, Bure et Kolbsheim qu’à Mayotte, en Guyane, en Nouvelle-Calédonie, du fait d’un regain de tensions, qu’à Paris, et dans d’autres grandes villes, enfin, à l’occasion des manifestations des « Gilets Jaunes », des agents de transport, ou du récent mouvement « Black Lives Matter ».
En dehors de ces missions que l’on peut considérer comme « exceptionnelles » voire réservées à des services spécialisés, le policier est d’ordinaire confronté à tous types de situations plus courantes, que tout à chacun considèrerait comme dramatiques, funestes voire sordides mais qu’un fonctionnaire de police, lui, vit et doit affronter au quotidien. L’accumulation répétée de ces situations, que le fonctionnaire doit vite assimiler comme « normales » aux vues de ses missions, peut alors provoquer un traumatisme complexe sous-jacent. Le sondage montre en effet que plus de 58% des répondants (1452) pensent qu’un policier est obligatoirement traumatisé au cours de sa carrière. Par ailleurs plus de 90% (2110) pensent qu’une majorité de leurs collègues est concernée par un traumatisme psychologique lié à la profession.
Le souvenir traumatique une fois traité n’est pas oublié. Il devient un souvenir comme un autre, délivré de sa charge émotionnelle excessive, des sensations physiques désagréables, des pensées négatives qui s’y sont associées. Mais il est nécessaire de rappeler que par essence même la mission du policier l’amènera à être de nouveau confronté à une situation similaire à celle traitée. Cette nouvelle situation peut intervenir post-soins voire même pendant le traitement si le policier continue d’exercer. L’écho sensoriel voire émotionnel que peut provoquer cette reviviscence traumatique peut alors à tout moment créer un nouveau traumatisme, empilé au précédent.
La thérapie peut être plus rapide dans le cas de trauma simple, elle sera donc plus longue dans le cadre du trauma complexe (plusieurs souvenirs à retraiter) et d’autant plus exigeante chez le policier qui doit à la fois soigner le passé et se prémunir des traumatismes à venir.
Le policier et les traumatismes satellites
Les « petits traumatismes »
On définit des traumatismes dits « petit t » ou qui « font petit t » c’est à dire qui résonnent différemment chez certaines personnes. Ce sont des traumatismes liés à des expériences négatives qui nous donnent l’impression d’être en danger, de ne pas être aimé, de subir les choses au lieu de les maîtriser ou de ne plus avoir de raison d’espérer. Le policier est, de par sa fonction, régulièrement confronté au rejet et au danger sous des formes plus ou moins imprévisibles. Il est donc typiquement soumis quasi quotidiennement à ce genre de « petite » situation traumatisante et au désaveu de sa fonction par la population.
Faire l’expérience de nombreux et répétés traumatismes « petits t », peut avoir des effets très néfastes équivalents à ceux d’un trauma complexe généré par des événements plus évidemment traumatiques.
Le trauma vicariant
Le traumatisme vicariant est un traumatisme apparu chez une personne « contaminée » par le vécu traumatique d’une autre personne avec laquelle elle est en contact [3]. Il peut apparaître sous une forme d’empathie débordante de la part du professionnel, ou en terme de désespoir et d’impuissance d’un professionnel engagé dans une relation d’aide. Le policier, qu’il soit engagé sur la voie publique ou enquêteur en investigation, est souvent confronté aux victimes. Dans la démarche de recueillir les informations nécessaires à la manifestation de la vérité, il est parfois difficile de maintenir la distance nécessaire à la protection psychologique du professionnel.
La fatigue de compassion
La fatigue de compassion se manifeste notamment par un sentiment d’impuissance, de confusion et de perte de compassion ou d’empathie envers les personnes traitées ou aidées, ainsi que par un sentiment d’isolement par rapport aux collègues et au soutien social habituel. Il est très connu dans le domaine des soignants. Le professionnel devient hypersensible à l’état émotionnel des personnes qu’il doit aider ou à la violence en général, vidé de toute vitalité, incapable de donner, d’aider et/ou de soutenir. Le policier au contact de nombreuses victimes de toutes intensités de gravité est bien entendu potentiellement sujet à ce trauma qui peut s’accumuler aux autres précédemment cités et engendrer un traumatisme complexe.
Le policier face a son traumatisme : les limites de l’abnégation
De la difficulté de demander de l’aide
A la question du sondage « la désignation de victime pour un policier est-elle péjorative ? », 69,36% des sondés (1725) ont répondu « non pas du tout ». Cependant, 8,36% des sondés (208) estiment que « oui c’est même honteux ». Un policier n’a donc pour certains pas la possibilité d’être victime sans qu’il n’en aille de sa fierté personnelle (aussi minoritaire soit le nombre). Le reste des sondés répond d’ailleurs que non ce n’est pas péjoratif mais que si ça devait être leur cas ils préfèreraient que ça ne se sache pas.
Mme Dauphin, psychologue au sein du SSPO (Service de Soutien Psychologique Opérationnel), explique ce phénomène par le fait qu’un policier peut difficilement dire qu’il « n’est pas capable de… » puisqu’il est amené lors de ses missions à devoir partir régulièrement sur une inconnue. Il doit donc gérer une situation, quelle qu’elle soit, en respectant les codes auxquels il est soumis. Ainsi, comment peut-on dire que l’on n’est « incapable de » lorsque l’on est censé être formé pour parer à toute éventualité ? Le policier voit donc souvent son incapacité à passer outre le traumatisme comme un échec professionnel, et se force à banaliser chaque situation traumatisante comme si son devoir lui imposait de ne pas s’en plaindre.
Ainsi certains n’auront peut-être aucun mal à demander de l’aide suite à une situation extrême comme un attentat ou le suicide de collègue dans les locaux, tandis que beaucoup n’oseront jamais se plaindre d’une mission dite « ordinaire » telle qu’une levée de doute menant à un cadavre, un accident de voie publique incluant de très jeunes victimes, ou encore une simple sécurisation qui a mal tournée. D’ailleurs, les SSPO ne sont réellement invités à intervenir qu’après un événement majeur, et non à l’improviste, au cours de vacations dites « classiques ».
Ceux vers qui un policier peut se tourner
L’Unité de Soutien aux Effectifs et de Prévention (USEP)
L’USEP a été mise en place dès 1997. Elle n’est pas soumise au secret professionnel. Elle comporte 3 sections dont une section de soutien des fonctionnaires victimes et en intervention sur événements graves ou potentiellement traumatisants [4]. Elle est composée de policiers actifs et intervient dans les 2 registres : prévention et soutien. En ce qui concerne le soutien le fonctionnaire se comporte comme un écoutant. Il renvoie alors vers les professionnels de soutien compétents (médecin de prévention, psychologue ou assistante sociale) et se charge de prendre les contacts nécessaires si le consultant le souhaite. Ces services restent très méconnus puisque seulement 13 policiers ont cité ce service au cours du sondage.
Le service de soutien psychologique opérationnel (SSPO)
Dès 1996, la direction générale de la police nationale s’est dotée d’un (SSPO) à visée psychothérapeutique et préventive. Ce service compte, sous l’autorité d’une psychologue, 89 psychologues cliniciens répartis sur l’ensemble du territoire. Ils sont divisés en trois services différents comptant les psychologues du recrutement et de la formation (chargés d’évaluer), les psychologues de commissariat (chargés de soutenir les effectifs et les victimes) et les psychologues opérationnels (chargés de l’accompagnement dans les soins et la prévention).
Au delà du nombre insuffisant de professionnels mis à disposition rendant le suivi limité à 6 mois, la démarche de saisir un service inhérent à l’institution de la Police Nationale pour un policier qui a le sentiment que son mal-être vient justement de l’administration elle-même, reste très compliquée. Ainsi, seuls 23,98% des sondés (516) ont déjà consulté un service de soutien interne à la Police Nationale, tandis que 55,24% (1270) estiment qu’il est inenvisageable pour eux d’aller consulter un psychologue interne.
La médecine statutaire et la médecine de prévention quant à elles ont un rôle d’évaluation de l’aptitude du policier à son métier ainsi qu’à son service d’affectation. Seuls ces services sont en capacité de désarmer un policier et de l’interdire de voie publique. Des tracts sont régulièrement mis à disposition des policiers concernant ces unités.
Dernièrement, face à l’augmentation des agressions des policiers en dehors de leurs heures de service, l’institution a également mis à disposition un numéro vert ouvert 24H/24 aux policiers ainsi qu’à leurs proches : 0805230405 numéro vert. A ce sujet, 20,91% des sondés (475) déclarent que leurs proches ont déjà été ciblés en raison de leur profession.
Les associations et organismes privés
Certains policiers, conscients de la problématique présente au sein des rangs de la Police Nationale, s’engagent au quotidien pour soutenir les effectifs qui auraient besoin de parler de leur mal-être. Ainsi l’association PEP’S SOS lutte quotidiennement contre le suicide malheureusement en recrudescence, après le SSPO c’est d’ailleurs l’interlocuteur le plus cité lors du sondage. Existe aussi l’ANAS (Association Nationale d’Action Sociale de la Police) et l’APS (Alerte Police en Souffrance).
Conclusion
« La meilleure défense est l’attaque ». Quasi interdit de fuir lorsqu’il est en capacité d’intervenir, le policier se répètera souvent cette phrase instinctive au cours de sa carrière. On se dit que l’adulte, s’il n’a pas eu un passé traumatique a plus de ressources potentielles. Il y a donc beaucoup de banalisation du traumatisme et encore plus chez le policier qui est censé avoir le courage et l’abnégation comme premières sources de résilience.
En découle une double banalisation : celle du danger et de l’horreur (comme des normes du métier) et celle du traumatisme (comme des conséquences connues de l’effectif lors de son engagement). Cette charge entraine un sentiment de honte. S’ajoute à ceci la conjoncture d’une société d’efficience : si vous n’êtes pas au top vous êtes en danger. Beaucoup de facteurs externes vont faire que l’adulte va essayer de tenir le coup.
Le signal d’alarme : souvent ce sont les proches qui vont constater qu’il y a un changement dans la personne. D’après le sondage effectué, la famille est d’ailleurs le premier milieu vers lequel les policiers sondés se tourneraient pour demander du soutien. Malgré tout cela, 29,93% des sondés ont déjà pensé à démissionner en raison de la difficulté psychologique du métier.
Je retiendrai de ce travail que le policier qui enfile son uniforme se grime finalement chaque jour en roseau de La Fontaine : il plie mais ne rompt pas.
Bibliographie
- Le Monde – Combien de policiers et de gendarmes se sont suicidés au cours des dernières années ? Par Fabien Leboucq – 21 novembre 2019
- Victimologie. Évaluation, traitement, résilience – Lahya, S., Fossard, O. (2018). Le traumatisme psychique complexe. Dans R. Coutanceau, C. Damiani (dir.),
- Pratique de la psychothérapie EMDR ; Chapitre 25 : Les traumas vicariants, Gabrielle Bouvier
- Guide santé et sécurité au travail, Bernard Cazeneuve – fiche réflexe n°30/4
Notes de bas de page
[1] Le genre masculin est employé dans son sens générique et n’implique aucune discrimination fondée sur le genre.