Mélanie Gilotin
- Psychologue clinicienne
- melanie.gilotin@wanadoo.fr
Dans le cadre de ma pratique de psychologue à l’Aide Sociale à l’Enfance, je rencontre des familles d’accueil qui expriment des difficultés dans la prise en charge des enfants confiés. Il peut arriver que ces professionnels, chargés de prendre soin des enfants, aient recours à des violences éducatives ordinaires lorsque les enfants présentent des comportements qu’ils ne parviennent pas à gérer.
J’ai souhaité étudier le lien entre les conséquences des traumas de l’enfant et les violences éducatives ordinaires.
En effet, les enfants confiés à l’ASE souffrent pour la plupart d’entre eux de traumas, dont les séquelles se manifestent dans le quotidien par des troubles du comportement, des troubles relationnels, des troubles de l’attachement, de l’instabilité psychomotrice, des retards scolaires… Les difficultés de ces enfants sont de l’ordre du handicap et non de la malveillance1.
Pour se rétablir d’un trauma, l’apport de ressources « réparatrices » supplémentaire est nécessaire2. Parmi ces ressources, les facteurs environnementaux sont importants. Les assistants familiaux ont cette fonction de « care-giver » auprès des enfants. Or, la souffrance et les séquelles traumatiques des enfants sont telles qu’elles peuvent mettre à mal les professionnels qui se sentent provoqués, rejetés, malmenés par les réactions des enfants. Les assistants familiaux vivent au quotidien avec l’enfant, et ce quotidien est parfois source de conflits, de tension. Le risque pour eux est de pratiquer des actes éducatifs qui ne sont pas acceptables et qui réactivent le trauma chez l’enfant.
L’objectif est d’étudier si les comportements des enfants accueillis les mettent en difficulté et comment elles y répondent. Je fais l’hypothèse que les troubles présentés par l’enfant peuvent mettre en difficulté les assistants familiaux et avoir une répercussion sur leurs pratiques éducatives avec un risque de recours aux violences éducatives ordinaires.
Cette étude a été l’occasion de questionner les assistants familiaux sur leur modèle éducatif et sur leur positionnement à l’égard des enfants confiés. Des professionnels pratiquent des violences éducatives ordinaires, sans le savoir, parce qu’elles font partie de leur mode d’éducation. D’autres encore, adaptent leurs principes éducatifs en fonction de l’enfant.
J’ai réalisé une enquête auprès d’assistants familiaux par le biais d’un questionnaire afin de faire un état des lieux des difficultés qu’ils peuvent rencontrer dans la prise en charge de l’enfant, de leurs pratiques éducatives punitives, de leurs représentations des violences éducatives ordinaires ainsi que l’éducation reçue et transmise.
CONTEXTE ET JUSTIFICATION
L’accueil de l’enfant dans un lieu tiers est prévu par la loi et n’intervient que si « la santé, la sécurité ou la moralité d’un mineur non émancipé sont en danger ou si les conditions de son développement physique, affectif, intellectuel et social sont gravement compromises » (article 375 du Code civil). Ainsi, la séparation de l’enfant de son milieu d’origine n’intervient qu’en dernier recours, lorsque les mesures d’accompagnement à la parentalité ou encore de milieu ouvert, administratives ou judiciaires, ne permettent pas d’assurer sa protection3.
Les enfants confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance ont été, pour beaucoup, confrontés pendant leurs premières années de vie à des environnements qui n’ont pas pu répondre à leurs besoins fondamentaux et leur ont fait vivre des expériences de stress extrême, des maltraitances, des négligences4. Des études ont montré l’impact des expériences infantiles négatives sur le développement neurologique, cognitif, émotionnel, social et la santé physique.5,6
BERGER et BONNEVILLE-BARUCHEL ont décrit les traumatismes relationnels précoces et l’impact gravissime sur les nourrissons des stress relationnels chroniques et de l’exposition à des scènes de violence conjugales7.
Devant l’intensité de la souffrance des enfants et des comportements présentés par les enfants les professionnels se trouvent parfois démunis et risquent de pratiquer des violences éducatives ordinaires. Ces VEO ont à leur tour un impact sur l’enfant et conduisent à plus ou moins long terme, à une dégradation de la relation professionnel-enfant, voire à une réorientation de l’enfant dans un autre lieu d’accueil. Plusieurs auteurs ont rappelé l’importance de la continuité des intervenants auprès des enfants et des familles, à commencer par celle de la famille d’accueil pour permettre la continuité interne du sentiment d’exister. La discontinuité est mortelle pour la vie psychique8.
Dans un objectif d’amélioration de l’accompagnement des enfants confiés et des assistants familiaux, j’ai souhaité étudier le lien entre les comportements présentés par les enfants et les pratiques éducatives des professionnels qui les accueillent.
Je fais l’hypothèse que les enfants présentent divers troubles qui mettent en difficultés les assistants familiaux. Ces difficultés peuvent avoir une incidence sur les pratiques éducatives des professionnels. Je suis intéressée de connaitre dans un premier temps les représentations de ces professionnels concernant les pratiques éducatives qualifiées de violence éducative ordinaire. Je cherche si un lien existe entre les comportements de l’enfant et les pratiques éducatives, pensant qu’un comportement difficilement gérable peut amener à répondre par des châtiments corporels, punitions, même si ce n’est pas en cohérence avec les valeurs éducatives du professionnel. Pour cela, je m’intéresserai à l’éducation reçue, aux principes éducatifs et aux éventuelles différences dans l’éducation donnée aux enfants confiés par rapport aux enfants des familles d’accueil.
METHODOLOGIE
J’ai réalisé un questionnaire comprenant 5 parties (variables) sur :
– Le profil de l’enfant accueilli : âge, lieu de placement précédent, durée de l’accueil et les troubles éventuels présentés.
– Les difficultés dans la prise en charge de l’enfant : les difficultés rencontrées, le fait de ne plus savoir comment faire avec l’enfant, penser à mettre fin à l’accueil et le recours possible pour l’assistant familial.
– Les pratiques éducatives : la punition la plus utilisée, le recours à des actes en cas de tension, accord avec des actes « éducatifs ».
– Les violences éducatives ordinaires : connaissance, représentations des degrés de violences d’actes.
– Education reçue et éducation transmise : violence éducative subie, transmission de l’éducation reçue à leurs enfants, différence envers les enfants confiés, raisons.
Pour construire ce questionnaire, je me suis basée sur des expériences d’assistants familiaux recueillies au cours d’entretiens avant ce travail de recherche. Je me suis également inspirée de l’enquête relative à la prise de conscience de la violence éducative ordinaire consultable sur le site OVEO9. Le questionnaire est constitué de questions fermées et d’échelles.
J’ai testé ce questionnaire auprès de 3 assistants familiaux, en tête à tête, afin de m’assurer de la compréhension de chaque item, et d’évaluer la durée moyenne de remplissage. Suite à ce test, l’outil a été réduit et des précisions ont été apportées. Il a été précisé aux assistants familiaux qui accueillent plusieurs enfants de répondre en choisissant l’enfant qui leur pose davantage de difficultés.
Le questionnaire a été mis en forme à l’aide du logiciel SPHINX.
Le questionnaire a été envoyé par mailing à 53 professionnels assistants familiaux du territoire sur lequel je travaille.
La période retenue pour répondre a été du 11/07/2019 au 12/08/2019.
RESULTATS
Profil des répondants :
33 assistants familiaux/53 ont répondu au questionnaire, 5 ne l’ont pas terminé. 20 d’entre eux sont diplômés, 6 non pas répondu à cet item. La majorité des répondants sont des femmes, seuls 2 hommes ont répondu.
Profil de l’enfant accueilli :
40 % des enfants accueillis ont moins de 6 ans, 30% ont entre 6 et 12 ans, et 30% ont plus de 12 ans. 69% des enfants sont accueillis chez l’assistant familial depuis + d’un an. 60% des enfants ont déjà connu une précédente famille d’accueil, 37,5% ont été accueillis au foyer de l’enfance.
Les comportements ou troubles les plus majoritairement rencontrés sont : retard dans les apprentissages (65%), anxiété de séparation (50%) et opposition (46%). On retrouve 27 % d’enfants qui présentent une hypervigilance.
Les assistants familiaux mettent en lien les troubles de l’enfant avec son passé avant placement à 72%, viennent ensuite les droits de visite avec les parents (44%).
Difficultés dans la prise dans charge de l’enfant :
Les difficultés les plus fréquemment rencontrées par les professionnels sont : faire respecter l’autorité et les règles (52%), les difficultés scolaires (48%) et les demandes affectives (24%).
Il n’apparait pas de corrélation significative entre les difficultés rencontrées et le lieu de placement précédent. Par contre, les assistants familiaux ne savent occasionnellement plus comment faire lorsque l’enfant est chez eux depuis plus d’1 an :
60% ne savent plus, de manière occasionnelle, comment faire avec l’enfant. Même si ce sont majoritairement ceux qui accueillent un enfant ayant déjà connu une autre famille d’accueil, (60% contre 44% foyer de l’enfance) la différence n’est pas significative (p =0.64). 14% pensent mettre fin à l’accueil.
En cas de difficultés, les assistants familiaux placent à 70% l’éducateur référent comme source d’aide, suivi à 46% du conjoint ou de la famille, et de collègue à 30%.
Pratiques éducatives :
Les punitions les plus souvent utilisées sont l’isolement dans la chambre (28%) et la mise au coin (20%). La différence est significative entre les assistants diplômés et non diplômés pour le type de punition « isolement dans la chambre » et « privé d’une chose qu’il aime » : p-value = 0,03 ; Khi2 = 22,87 ; ddl = 12,00.
En cas de tension, les assistants familiaux ont recours le plus souvent aux cris (28%), mise à l’écart (8%). 9% pratiquent une autre punition. 8% ont déjà eu recours à une tape sur la main, 12% à une tape sur les fesses et 17% à tirer l’oreille.
Violences éducatives ordinaires :
35% ne connaissent pas les VEO, 21% connaissent et 43% en ont déjà entendu parler.
Les assistants familiaux diplômés ne connaissent pas plus que les non diplômés.
Parmi les actes pratiqués sur un enfant, ceux les plus majoritairement reconnus comme très violents sont : douche froide, coup avec un objet, coup de poing (81%), morde où pincer (77%), gifle (70%), privé d’affection (66%), fessée (59%).
3% reconnaissent les faits suivants comme non violents : privé d’affection, douche froide, morde où pincer, paroles humiliantes, fessée, indifférence, menacer et faire peur, bousculer, pousser, tirer, irrespect de l’intimité, comparaison, mise à l’écart.
Education :
12% ont reçu une éducation empreinte de violence. L’absence de violence est majoritaire (40%). 60% souhaitent reproduire l’éducation reçue.
La majorité pratique la même éducation envers les enfants confiés qu’envers leurs propres enfants (73%). Ceux qui ne pratiquent pas de la même manière, l’expliquent par le comportement de l’enfant à 45 %.
Lien comportement de l’enfant et ne plus savoir comment faire :
La corrélation entre le comportement de l’enfant et le sentiment de ne plus savoir comment faire est positive pour le comportement « opposition ».
Lien difficultés et ne plus savoir comment faire :
La corrélation entre ne plus savoir comment faire est positive pour la gestion de l’opposition et les comportements agressifs.
Lien entre « Tirer l’oreille », « donner une fessée » et « ne plus savoir comment faire avec l’enfant » :
Il apparait une relation significative pour les non réponses. 57% des assistants familiaux qui ne savent plus comment faire ne tirent jamais l’oreille et 76% ne donnent pas de fessée.
DISCUSSION
Le recueil de données permet d’obtenir des informations sur le profil des enfants confiés, les difficultés rencontrées par les professionnels qui les accueillent, leurs représentations des violences éducatives ordinaires ainsi que le lien entre l’éducation reçue et celle transmise.
La présente étude confirme la présence de comportements ou troubles manifestés par les enfants. Dans le cadre de cette étude, les comportements ou troubles de l’enfant sont ceux observés par l’assistant familial. Il n’y a pas de validation médicale accordée aux réponses données. Les problématiques observées majoritairement par les assistants familiaux : le retard dans les apprentissages, l’anxiété de séparation et l’opposition apparaissent en concordance avec la symptomatologie décrite dans la littérature spécialisée de la clinique de l’enfant placé.
En effet, de nombreux enfants ayant connu des contextes de vie carencés, ou ayant été victimes de violence, présentent des capacités cognitives altérées, des difficultés à pouvoir s’inscrire dans les apprentissages et à se concentrer. Or la réussite scolaire est un domaine auquel les assistants familiaux accordent beaucoup d’importance. Il n’est pas surprenant de retrouver l’anxiété de séparation comme étant souvent manifestée chez les enfants de moins de 6 ans. En effet l’attachement et la base de sécurité sont des processus mis à mal chez les enfants confiés. Enfin, l’opposition de l’enfant est également une problématique décrite par les auteurs BERGER et BONNEVILLE-BARUCHEL chez les enfants souffrant de traumatismes relationnels précoces7. Celle-ci s’exprime par d’intenses colères, qui s’expliquent par la compulsion de répétition post-traumatique. Les symptomatologies présentées par ces enfants sont les manifestations de séquelles traumatiques et nécessitent des prises en charge thérapeutiques spécifiques. Dans notre département, ce type de prise en charge n’est pas suffisamment développé.
Les assistants familiaux sont des professionnels qui ont en charge au quotidien, au sein de leur cellule familiale, ces enfants qui ne sont pas les leurs mais auprès desquels ils doivent assurer une fonction parentale. L’enquête identifie les difficultés auxquelles les professionnels sont confrontés. Ils expriment majoritairement la difficulté de « faire respecter l’autorité et les règles ». Au-delà de la souffrance de la séparation et des séquelles traumatiques, accepter et s’adapter à son nouvel environnement et acquérir de nouvelles modalités relationnelles est une tâche difficile pour l’enfant. Dans les entretiens avec les professionnels, il arrive que les assistants familiaux expriment leur lassitude ou déception : « les règles, c’est difficile pour lui », « il faut qu’il se plie aux règles de la maison sinon ça ne va pas aller » … Il apparait nécessaire d’expliquer aux professionnels que ce comportement n’est pas signe de mauvaise volonté ou de rébellion mais souvent une conséquence de mécanismes de défense psychiques spécifiques.
Au vu de la symptomatologie des enfants confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance, il est primordial d’accompagner les enfants mais aussi les professionnels. L’accueil d’un enfant, souvent idéalisé au moment de la demande d’agrément, est loin de se dérouler sans difficulté, comme le confirme cette étude.
Le degré de violence que les répondants estiment avoir subi est majoritairement faible, et le souhait de transmettre la même éducation sans violence que celle reçue est majoritaire.
Les données suggèrent que les professionnels souhaitent, en matière d’éducation, donner la même éducation qu’envers leurs propres enfants. Ils modifient alors leur pratique en raison du comportement présenté par l’enfant. Il pourrait être intéressant de savoir de quelle manière le changement de pratique s’opère : est-ce pour adopter un cadre plus strict ou au contraire assouplir les principes éducatifs ? D’autres indicateurs pourraient être pertinents comme l’ancienneté dans la profession de l’assistant familial, les formations suivies… En entretien, les assistants familiaux comparent souvent avec leurs propres enfants et disent pratiquer de la même manière. Or l’accueil d’un enfant confié demande une adaptation à l’enfant et à ses besoins qui ne peut être semblable à ce que connait le professionnel avec ses enfants, et qui bouscule les repères et les principes.
La majorité des enfants dont il est question dans cette étude ont connu une précédente famille d’accueil. Dans le département de l’étude, les enfants qui arrivent en placement sont d’abord accueillis au foyer de l’enfance, sauf cas exceptionnel. Les données de cette étude suggèrent que 62% ont déjà connu une réorientation. Il serait intéressant de cibler plus précisément les problématiques et les incidences des réorientations d’enfants. C’est après un an d’accueil que les assistants familiaux reconnaissent ne plus savoir comment faire occasionnellement. La première année, avec sa période qualifiée de « lune de miel » ne permet pas de révéler les modalités relationnelles de l’enfant. C’est une fois « posé » sur son lieu d’accueil que les difficultés apparaissent. Mettre en place un accompagnement et des projets spécifiques (relais, crèche…) dès le début de l’accueil peut aider à prévenir les difficultés.
Le sentiment de ne plus savoir comment faire avec l’enfant est exprimé de manière occasionnelle par la majorité des professionnels, et penser mettre un terme à l’accueil n’est que rarement présent. Il peut être difficile pour un professionnel de reconnaitre être en difficulté avec l’enfant car cela revient à se sentir en échec dans la fonction parentale et dans sa profession. En entretien, les assistants familiaux expriment plus facilement les difficultés en mentionnant les conséquences que l’accueil engendre sur leur vie familiale et les membres de leur famille. Une question sur l’incidence sur leur vie de famille aurait été judicieuse.
Globalement, même si les professionnels n’ont pas connaissance des violences éducatives ordinaires, elles les considèrent majoritairement comme violentes. Le lien entre les difficultés rencontrées et les pratiques éducatives basées sur des violences éducatives ordinaires n’est pas validé. Les assistants familiaux ont rarement ou jamais recours aux VEO. Toutefois, le questionnaire diffusé pour cette étude a pu susciter des réactions défensives de la part des professionnels. En effet, il s’intéresse à un sujet sensible à savoir les pratiques des professionnels et leur conception éducative. La non complétude du questionnaire pour 15% des répondants peut s’interpréter comme une crainte de jugement. Le biais de désirabilité sociale est à prendre en compte. L’anonymat des réponses n’a pas pu être garanti du fait de l’envoi des réponses par voie de mail au logiciel sphinx. Il leur a été toutefois précisé qu’aucune attention n’était donnée à l’identité des répondants. Pour autant, cela a certainement été un frein dans la complétude du questionnaire. De plus, un autre élément à considérer dans l’analyse des résultats est le contexte politico-sociétal d’actualité au moment où l’enquête a été réalisée. En effet, la loi relative à l’interdiction des violences éducatives ordinaires a été votée en juillet 2019. Cette donnée peut constituer un biais dans les réponses données.
CONCLUSION
La présente étude a été l’occasion de faire un état des lieux auprès des assistants familiaux du territoire sur lequel j’exerce et ainsi de recueillir une information plus précise de ce qu’ils peuvent rencontrer comme difficulté dans leur pratique.
Les résultats sont en concordance avec ce qui est décrit dans la clinique de l’enfant placé et confirme le nécessaire accompagnement de ces professionnels. Il semble que cette étude soit une des premières portant sur cette thématique auprès de ce public, il pourrait être intéressant de l’étendre à un échantillon plus important.
Le recours aux violences éducatives ordinaires est heureusement rare mais une sensibilisation peut s’avérer utile. En effet, lorsqu’on interroge ces professionnels sur la vision de leur profession, ils évoquent généralement un écart entre les représentations qu’ils se faisaient lors de la demande d’agrément et leur début dans cette profession, et quelques années après une expérience d’accueil.
Cette étude peut servir de support pour mettre en place des formations sur les thématiques citées dans l’enquête et un accompagnement spécifique. Il peut être envisagé de proposer une formation dans le cadre de la formation initiale, sur les comportements que peuvent présentés les enfants mais surtout sur la façon de les comprendre et d’y faire face. Les assistants familiaux doivent être informés au plus près de la réalité du vécu de ces enfants, des séquelles qu’ils peuvent présenter à un niveau psychologique et des incidences sur leur mode relationnel. Ainsi, mieux préparés, il est à souhaiter que les réorientations d’enfants soient moins fréquentes, et que le recours malheureux à des violences éducatives ordinaires ne se produise plus.
L’environnement d’accueil pourrait alors constituer une ressource externe, un facteur de protection, participant au processus de résilience10.
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- BONNEVILLE-BARUCHEL Emmanuelle, (2015), Les traumatismes relationnels précoces, clinique de l’enfant placé, Editions Erès, pp 11-23
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- Site www.OVEO.org
- ANAUT Marie (2002) Trauma, vulnérabilité et résilience en protection de l’enfance, Cairn.info pour Erès